L’ouverture généralisée des magasins le dimanche est une très mauvaise proposition pour notre commerce de proximité et de centre-ville.

En 2008, une étude du CREDOC (Centre de Recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) sur l’ouverture des commerces le dimanche démontre que lorsqu’une offre commerciale existe le dimanche, plus de la moitié des personnes n’effectuent aucun achat. Les gens viennent pour se balader, pas pour acheter. De plus, il ne s’agirait pas d’une consommation supplémentaire pour la majorité des autres : ils réaliseraient leurs achats sur 7 jours au lieu de 6 (effet dilutif). Les simulations confirment que l’ouverture le dimanche favorise un transfert de la clientèle vers les grandes surfaces et n’aboutit pas à une augmentation significative de la consommation. L’impact sur l’emploi serait lui aussi marginal.

Dans les centres-villes, les commerces alimentaires disposent depuis longtemps du droit d’ouverture le dimanche matin. L’ouverture dominicale entraînerait pour les autres commerces des frais supplémentaires (personnel, énergies…) sans contrepartie significative. En 2012, avec la situation économique dégradée que nous connaissons, ce qu’il manque aux consommateurs, ce n’est pas du temps pour faire des achats, mais des euros dans les porte-monnaie. La proposition de Nicolas Sarkozy de généraliser l’ouverture des magasins le dimanche ne crée pas de pouvoir d’achat.

Cette mesure serait catastrophique pour le commerce de nos territoires ruraux. Une étude récente sur la consommation des ménages de l’agglomération Guérétoise montre qu’une part très importante des achats, notamment les équipements de la personne, s’effectue sur les départements limitrophes par manque d’offre locale satisfaisante. Une ouverture généralisée des commerces le dimanche accentuerait cette situation au profit des centres commerciaux de périphérie de Limoges, Montluçon, Châteauroux. Les achats réalisés en dehors du département risqueraient d’être plus importants dans d’autres secteurs relativement préservés jusqu’alors à savoir l’équipement de la maison ou les biens culturels, au détriment des commerces creusois. Pour ceux-ci, cela se traduirait naturellement par une augmentation des frais fixes sans augmentation du chiffre d’affaire et donc fragiliserait encore plus la trésorerie de ces entreprises.

Selon Robert Rochefort, Député Européen, et ancien dirigeant du CREDOC : « Cette mesure est une très mauvaise idée et une grave erreur qui favorisera les discounters, accentuera encore la vente de produits importés d’Asie et jouera à l’encontre du ‘produire en France’, seule perspective réelle de relance de l’activité économique dans notre pays ».

D’un point de vue sociétal, François Bayrou, lors de sa dernière visite en Limousin, a estimé que « les travailleurs français et les commerçants particulièrement ont droit à un repos hebdomadaire ». « Je trouverais scandaleux qu’une partie de la population n’ait plus le droit à ce repos du dimanche établi depuis des siècles. (…) Cela serait contraire aux droits des familles », a-t-il ajouté, dénonçant au passage « les gens pour qui l’argent justifie tout ».